Les bases de la peinture aquarelle

Bonjour, aujourd’hui je vais vous décrire les bases de la peinture aquarelle. c’est une texture très fluide, lumineuse et transparente… lisez-moi et n’hésitez pas à interagir si vous le voulez.

L'aquarelle en quelques mots

Pour être brève, la peinture aquarelle est le mélange d'un pigment, d'un liant: gomme arabique, glycérine ou miel, d'un agent conservateur et de beaucoup d'eau. (Le conservateur sert à éviter que votre tableau terminé soit colonisé par des champignons!). L'aquarelle est utilisée avant même l'apparition de la peinture dite à l'huile. Elle est pratiquée pour exécuter des miniatures très détaillées puis utilisée par les grands maîtres pour des « études » c'est-à-dire des croquis colorés préparatoires ou encore par les naturalistes pour leur planche d’entomologie et de botanique. Cependant, certains artistes en feront une technique à part entière comme par exemple Dürer au XIVe-XVe siècle, Turner au XIXe siècle, Cézanne, Klee, Kandinsky ou Sonia Delaunay au XXe siècle.

Les différentes formes de l'aquarelle

L'aquarelle se retrouve sous 3 formes.

1. En godet de peinture sèche, que l'on mélange à l'eau. Facile à emporter mais il faut y déposer quelques gouttes d'eau et lui laisser un peu de temps pour que le pigment se réhydrate avant de travailler.
2. Sous forme de tube de peinture pâteuse (il y a plus de miel pour lui permettre de rester onctueuse). Il suffit de déposer un peu d'aquarelle dans la palette, de mélanger avec la quantité d'eau voulue et le travail peut commencer.
3. En crayons aquarellables, sous forme de crayon de bois à la mine de pigments secs d'aquarelle. Nous pouvons les employer pour certains détails sur papier sec (nous mouillons ensuite pour diluer les pigments), soit sur papier humide mais la mine fond vite. 

Principes de base de la peinture aquarelle

Les bases de la peinture aquarelle sont: La maîtrise de l'eau, la rapidité d'exécution si l'on veut travailler « mouillé sur mouillé » et la transparence.

L'aquarelle se travaille sur papier épais résistant à l'apport important d'eau (et au grattage).

Lorsque l'on pose l'aquarelle chargée d'eau sur le papier, les pigments se déposent progressivement dans les aspérités du papier et forment des arabesques à chaque fois différentes. Plus le papier est mouillé, plus la peinture s'y disperse. l'aquarelle n'est pas maîtrisable du premier coup, cependant certains « accidents » comme un mélange entre le vert des arbres et le bleu du ciel ou certaines « accidents » de séchage, peuvent devenir un vrai plus dans un tableau. Alors n'hésitez pas à faire des essais. Et puis si vous en ratez quelques uns, ce n'est jamais pour rien car on apprend de nos erreurs. Même nos grands maîtres ont raté, ils n'ont pas créé un chef d’œuvre à chaque coup de pinceau.

Les lavis

Un des principes de base de l'aquarelle étant la transparence, il faut parler des lavis. Un lavis est une couche d'eau et de pigments sur un papier mouillé. Il peut être uniforme, dégradé ou multicolore. Lorsque l'on travaille un lavis sur un premier lavis sec c'est la technique dite du glacis. Plus les couches se superposent, plus le glacis devient opaque car le blanc du papier reflète de moins en moins la lumière. Il faut donc savoir s'arrêter. Il n'y a pas de blanc en tube. Enfin, si…on peut utiliser un blanc de Chine par exemple mais ce n'est pas le principe de l'aquarelle. Le principe de base est de penser à laisser le blanc du papier intact pour garder les zones très claires et lumineuses à notre composition. Ce n'est pas simple surtout lorsque l'on travaille mouillé sur mouillé. Mais c'est le challenge de cette technique.

Quelques étapes de composition

 Alors voici quelques étapes que l'on pourrait utiliser:

1. D'abord on dessine notre composition.
2. Puis on prépare notre palette de couleur en fonction de notre motif de notre composition.
3. On réfléchit aux endroits où seront nos ombres et nos lumières,
4. Ensuite, on masque le blanc du papier (voir plus loin). Ces zones ainsi cachées vont devenir les parties les plus lumineuses de notre composition.
5. On place nos couleurs, nos ombres, par lavis superposés (glacis). On laisse sécher entre les couches (j'accélère le processus avec un sèche-cheveux).
6. C'est à la fin que l'on place nos « lumières », en touchant aux zones blanches intacts avec des couleurs très diluées ou en laissant le blanc du papier ressortir tout simplement.

Le drawing-gum

Pour masquer les blancs du papier, nous avons à notre disposition du drawing-gum, (lien vers cultura.fr) liquide de réserve pour garder intact le blanc du papier. On le passe avec un pinceau fin premier prix.

Pourquoi premier prix? Parce que le draying-gum sèche vite et se retire assez mal des poils sans en arracher quelques-uns au passage (quand on arrive à l'enlever à temps!).

Le drawing-gum permet de masquer de petites zones. Une fois masquées et sèches, ces zones resteront protégées quand on imbibera le papier d'eau et de pigment. Pour retirer la pellicule de drawing-gum des zones masquées du tableau sec, il suffira de passer doucement la pulpe du doigt (sec et propre!) ou une gomme blanche. Le tableau doit être entièrement sec sinon la pellicule de masquage  partira en entamant légèrement le papier.

Masquer les blancs

J'utilise le drawing-gum avec parcimonie parce que les zones qui ont été masquées par ce produit jaunissent au bout de quelques années. Je préfère alors gratter par petits endroits avec une lame pour entamer superficiellement la surface du papier et faire ressortir le blanc ou bien frotter avec de papier de verre pour créer des zones blanches un peu diffuses. Pour faire de grosses réserves de blanc, on peut également utiliser un papier déchiré à la main de la forme souhaitée et le placer comme cache. Cela fait une réserve de blanc aux bords tortueux. Le ruban adhésif de masquage pour la peinture murale est aussi très intéressant pour masquer des zones droites. Il se déchire facilement, n'arrache pas le papier au moment du retrait et permet de faire un masquage net.

Le papier pour aquarelle

Il existe plusieurs marques comme Montval de Canson, le papier Winsor & Newton, le papier Arches  par exemple. Je vous conseille les blocs à spirales pour les essais de couleurs et de mélanges. Mais le papier trempé par l'eau a tendance à gondoler fortement. Alors certains papiers se présentent sous forme de bloc où toutes les feuilles sont collées entre elles des 4 côtés pour donner plus de résistance encore. Je peins sur ce style de bloc (Arches), directement dessus et je détache ma feuille en glissant un couteau à beurre dans l'encoche, quand j'estime la peinture à l'aquarelle finie et complètement sèche. D'autres marques proposent des blocs de feuilles non collées entre elles. Il faut alors coller la feuille de papier avec des bandes de papier kraft gommé sur une planche bien plate. Une fois le tableau à l'aquarelle terminé et sec, il faut couper proprement (au cutter et à la règle) les 4 côtés collés à la planche. C'est moins pratique, je trouve.

Les pinceaux pour aquarelle 

L'aquarelle se pratique à l'aide d'un pinceau ayant un bon pouvoir de rétention d'eau. 

J'utilise 3 pinceaux « petits gris » ( lien vers Rougier & Plé) de tailles différentes: un premier pinceau large de 20 mm de diamètre pour faire mes grands lavis. Un deuxième pinceau moyen de 10 mm pour dessiner et créer et un dernier fin de 5 mm pour ajouter les détails. leur pointe effilée permet de travailler des détails très fins et leur pouvoir de rétention d'eau nous évite de recharger trop vite en mélange eau+pigments. J'utilise aussi 1 pinceau plat aux poils souples (en magasin de bricolage), grâce à sa tête large et rectangulaire, il mouille de grandes zones rapidement.

Les différentes qualités de pigment

Il existe 3 qualités différentes d'aquarelle: « extra-fine », « fine »  et « étude » qui se différencient par leur concentration en pigments et donc leur prix. Si vous débutez, je vous conseille d'acheter l'aquarelle fine (plus abordable) et quelques godets ou tubes d'extra-fine aux teintes plus étincelantes. Je n'ai pas de préférence quant aux godets ou aux tubes. J'ai les deux et même quand un tube sèche, on peut l'ouvrir et utiliser le pigment en le réhydratant.

Les différentes pratiques de l'aquarelle

La peinture à l'aquarelle se travaille en général vite, cependant il existe deux sortes de pratiques:

• Les tableaux très détaillés qui sont travaillés sur papier satiné (lisse sans aspérité) par petites zones, sur support blanc et sec ou au préalable coloré par un lavis. Historiquement, ce sont les portraits en miniature qui utilisait cette technique.
  
• Les tableaux qui donnent une impression de « flou » ou de « fouillis ». Ils sont travaillés mouillés sur mouillés (le papier doit être brillant d'eau) sur du papier à gros grain. Ces aquarelles sont effectuées d'une succession de lavis c'est-à-dire d'une superposition de couches de eau+pigments encore humide. L'artiste possède une grande maîtrise du pouvoir absorbant du papier et du pouvoir de séchage de l'eau. Cela s’acquière avec l'expérience.

Le matériel de base pour peindre à l'aquarelle

• 3 petits gris de tailles différentes,
• 1 gros pinceau plat aux poils souples pour l'eau pure,
• Des feuilles de papier chiffon ou cellulose mais de 300 grammes minimum. (J'utilise le papier Arches aux grains torchon),
• Du papier absorbant pour enlever du pigment par endroit,
• Une feuille pour vérifier l’intensité du lavis que l'on va poser,
• Un chiffon pour essuyer les coulures non voulues ou sécher les zones à garder absolument blanches,
• Une palette, (j'utilise une assiette en pastique par groupe de couleurs),
• Un sèche-cheveux pour accélérer le séchage de certaines étapes et maîtriser un peu certaines auréoles.

Les couleurs de base pour peindre à l'aquarelle

Les couleurs se mélangent entre elles dans une palette pour obtenir la teinte voulue, puis on peut l'essayer sur un papier. Quand on superpose sur le papier une couleur sur une autre déjà sèche, on ne la recouvre pas totalement. Elle se superposent et en se superposant, on obtient une nouvelle teinte.

La liste de couleurs ci-dessous est non exhaustive et se compose de couleurs transparentes. Vous pouvez acheter quelques couleurs semi-opaques pour certains détails et certaines ombres profondes. Sur les tubes ou sur le papier qui entoure les godets, vous trouverez toutes les informations sur la transparence ou l'opacité des pigments.

Opaque= O

Mi-opaque=T/O

Transparent=T

Liste de 15 couleurs à l'aquarelle

Voici les couleurs qui me semblent importantes: 

1. BLEU OUTREMER
2. BLEU DE COBALT
3. BLEU PHTALO
4. ROUGE DE QUINACRIDONE
5. ROSE DE QUINACRIDONE
6. ORANGE DE PYROLLE
7. OCRE JAUNE
8. JAUNE DE COBALT
9. JAUNE DE CADMIUM ORANGE
10. JAUNE DE NAPLES
11. VERT DE VESSIE
12. VERT PHTALO
13. TERRE DE SIENNE NATURELLE
14. TERRE D’OMBRE BRÛLÉE
15. GRIS DE PAYNE

Les deux couleurs en caractères gras sont les plus intéressantes me semble-t-il. Il y a le gris de Payne qui est incroyable pour représenter les nuages sombres et chargés. Puis le jaune de Naples qui est superbe pour les couchers de soleil lumineux. À essayer absolument.

Vous pouvez télécharger le nuancier de couleurs à l'aquarelle en pdf. Il y a un exemple de 36 couleurs transparentes.

Protéger ses peintures à l'aquarelle

Pour protéger une peinture à l'aquarelle, on peut l'encadrer sous verre (avec ou sans passe-partout) et on ne l'expose pas au soleil direct, ni dans un coin humide et pas trop prêt d'un point chaud. Les pigments sont fragiles, ils peuvent moisir, se décolorer et le papier peut gondoler. Certains peintres utilisent un vernis fixatif spécial aquarelle réputé pour ne pas jaunir avec le temps. D'autres utilisent un spray protecteur qui rendrait les couleurs plus transparentes et plus intenses. Je n'ai pas essayé. En fait, je n'ai pas osé essayer.

Bon travail à vous et n'hésitez pas à me faire part de vos expériences.

NB: Quelqu'un m'a demandé de faire un article sur les étapes de la préparation d'une aquarelle jusqu'au travail sur la feuille. Comme il serait complémentaire à celui-ci, vous vous ferez une idée plus précise de la peinture à l'aquarelle
À SUIVRE alors…

Bonne peinture à vous…